Malgré les investissements massifs promis par le chancelier Merz, les industriels allemands affichent leur inquiétude face à la perte de compétitivité d'un poids-lourd européen aujourd'hui fragilisé.
Peter Leibinger, président de la Fédération des industries allemandes, le 23 juin 2025, à Berlin ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
L'économie allemande traverse "sa crise la plus profonde" de l'après-guerre, a averti mardi 2 décembre la première fédération industrielle du pays, reprochant au gouvernement son inaction malgré une quatrième année consécutive de production industrielle en chute. "L'économie allemande est en chute libre et pourtant le gouvernement ne réagit pas avec la détermination nécessaire", a dénoncé dans un communiqué Peter Leibinger, président de la Fédération des industries allemandes (BDI), en soulignant que le secteur secondaire est en cette fin 2025 "face à un plus bas dramatique".
Le communiqué de cette organisation est pour le moins alarmiste et critique du chancelier Friedrich Merz, un conservateur allié aux sociaux-démocrates dans une coalition gouvernementale impopulaire. Elle est arrivée au pouvoir au printemps après des élections législatives marquées par l'essor de l'extrême droite.
"Nous attendons cette année une chute de la production de 2%, la production industrielle sera donc en recul pour la 4e année consécutive. Ce n'est pas un trou d'air conjoncturel, mais un décrochage structurel" , martèle le BDI, qui appelle les autorités à un "tournant dans la politique économique, avec des priorités claires pour la compétitivité et la croissance". "Au troisième trimestre, la production a de nouveau reculé de 0,9% par rapport au trimestre précédent et de 1,2 % sur un an", a relevé cette fédération.
"Chaque mois sans réformes structurelles résolues coûtera encore des emplois"
Longtemps un modèle dans une Europe désindustrialisée, l'Allemagne a profité d'une insolente bonne santé économique dans les années 2010 grâce à un modèle économique fondé sur l'exportation de produits à haute valeur ajoutée sortant d'usines tournant à plein régime grâce à du gaz russe bon marché. Mais la pandémie de Covid-19, l'envolée du coût de l'énergie après l'invasion russe de l'Ukraine, un manque d'innovation, la concurrence chinoise et désormais des taxes douanières américaines sont venus éroder les fondements de l'industrie allemande, transformant peu à peu la première économie européenne en patient malade du continent.
Conscient de cette crise profonde, le chancelier Merz a promis une série de réformes et un toilettage bureaucratique en Allemagne comme en Europe, car selon les entreprises des règlementations trop complexes freinent l'innovation et accroissent les coûts de production. Pour les industriels allemands, le gouvernement fédéral n'agit pas assez vite. "Chaque mois sans réformes structurelles résolues coûtera encore des emplois", juge le BDI.
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